Marc Sévigné, Président du Groupe Sévigné : "Nous avons mis en place au-delà des règles de sécurité que nous devions mettre en place."

Marc Sévigné, Groupe Sévigné

 

Quelle est votre expérience en termes d’accidents du travail graves ou mortels ?

Marc Sévigné, Président du Groupe Sévigné : Notre activité principale est à 60% dans les travaux publics et 40% sur le côté industriel. Nous avons 270 salariés et nous faisons un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros.

Il y a 10 ans nous avons vécu un drame humain. Nous avons eu un accident mortel.

Quand je dis drame humain, c’est parce nous sommes dans une petite structure et que tout le monde se connaît, tout le monde se côtoie, souvent on boit un café ensemble.

Ce jour-là, c’est un être cher qui nous a quitté.

À la suite de cet accident, il a fallu accompagner les salariés, faire des réunions extraordinaires avec le CHSCT car tout le monde était sous le choc. Pour ma part, en tant que chef d’entreprise cela a été particulièrement difficile et douloureux.

 

Quelle a été votre collaboration avec la DREETS et les CARSAT ?

Marc Sévigné, Groupe Sévigné : Nous avons été accompagnés par l’Inspection du travail et la Carsat pour analyser et mettre en place des actions complémentaires dans l’entreprise. Nous avons appris à évoluer dans notre politique sécurité.

Dans nos métiers les délais sont contraints. Nous avons demandé à l’inspection du travail et à la Carsat de travailler avec nos donneurs ordres. Ils nous ont accompagné lors de réunions pour préparer les chantiers avec une sécurité optimale. Cela a été un « plus » immédiat. Tout le monde a joué le jeu et cela a été bénéfique dans le déroulement de nos chantiers.

Pour la sécurité de nos chantiers certains de nos clients ont accepté de fermer la circulation dans la mesure du possible.
Cela enlève un poids à nos collaborateurs pour exécuter certaines missions et un confort pour la réalisation et la sécurité.

Régulièrement nous avons organisé des réunions du CHSCT avec la DREETS, la Carsat, l’OPPBTP, la médecine du travail. Ces 4 représentants nous ont accompagnés sur le terrain notamment pour les analyses de poste. C’était important pour nous d’avoir des observateurs extérieurs. Cela nous a permis d’aménager certains postes de travail et d’avoir aussi une évolution de nos règles générales de sécurité.

 

Avez-vous une action spécifique pour les jeunes ?

Marc Sévigné, Groupe Sévigné : Le premier accueil est important. Nous avons mis en place une culture sécurité à l’intérieur de l’entreprise pour que les jeunes puissent être bien accueillis.

Notre animatrice sécurité leur fait une formation soutenue et ils sont reçus par notre service RH. Au bout de 6 mois, nous faisons une réunion récapitulative.

Aujourd’hui sur 270 salariés il y a 130 sauveteurs secouristes du travail sur la base du volontariat. C’est une culture sécurité dans l’entreprise qui permet d’avoir un accueil optimum pour les jeunes. Ils peuvent ainsi vérifier que tout ce qu’on leur a dit au moment de leur accueil se vérifie sur le terrain.

Nous avons mis en place et nous avons formé des tuteurs qui accompagnent tous les jeunes qui viennent travailler chez nous.
Qu’ils soient embauchés définitivement ou pas, ça permet de voir s’ils intègrent bien toutes les règles de sécurité apprises pendant leur période d’essai et bien sûr au-delà.

 

Quelles sont les actions de prévention que vous menez au sein de votre entreprise ?

Marc Sévigné, Groupe Sévigné : Nous avons innové dans la sécurité. Nous avons mis en place au-delà des règles de sécurité que nous devions mettre en place. Nous avons installé la commission réception-matériel et le choix de notre matériel où on associe le chauffeur, tous les intervenants jusqu’au bout du processus, c’est important. La sécurité, c’est tous les jours.

Un intervenant de la Carsat m’a dit « Monsieur Sévigné tous les jours il faut vous remettre en cause, il faut amener plus de sécurité dans l’entreprise ».

C’est devenu culturel chez nous. On espère ne pas revivre un drame humain parce que tout le monde a été touché.
J’espère que l’on va aller dans le bon sens et progresser en termes de sécurité intégrée pour les chantiers.