David Prieur, Transports Prouhèze Paradis : "Je crois fortement à la formation des jeunes."

David Prieur, Transports Prouhèze Paradis

 

Quelle est votre expérience en termes d’accidents du travail ?

David Prieur, Directeur des Transports Prouhèze Paradis : En 2018, un véhicule de transport d’hydrocarbures s’est renversé dans les Cévennes, sur une paroi rocheuse.
17 000 litres de gasoil et fuel se sont répandus dans la nature. Le conducteur n’a heureusement été que légèrement blessé, une brûlure légère à la jambe en descendant du camion.

Le transport de matières dangereuses est soumis à des obligations, que nous remplissons, mais cet évènement m’a incité à mettre en place une analyse plus poussée des accidents du travail, en recourant notamment à l’arbre des causes, ce qui nous a permis de corriger certains points pour éviter que cet accident ne se reproduise.

 

Quelles sont les actions de prévention que vous menez au sein de votre entreprise ?

David Prieur, Transports Prouhèze Paradis : Nous avons signé une charte en Lozère avec d’autres collègues ; en trois mots : prendre le temps.

En effet, nous avons de plus en plus de contraintes horaires, mais à l’impossible nul n’est tenu. Il s’agit donc de mettre en place un process pour avertir le client en cas de retard dû à un embouteillage par exemple, et non d’accélérer la vitesse de conduite pour arriver à temps.

J’essaie par ailleurs de digitaliser l’activité, en partenariat avec le groupement Astre.

Cette digitalisation permet une meilleure organisation grâce à une géolocalisation, une meilleure visibilité des missions en cours par le biais d’une application installée sur le smartphone. En parallèle, il faudra également brider les smartphones aux seules applications utiles à la mission, pour éviter les distractions pendant la conduite.
Un chauffeur pris en train de téléphoner au volant, qui « mord » sur la bande d’arrêt d’urgence, c’est une double infraction, et donc un retrait de permis !

 

Avez-vous une action spécifique pour les jeunes ?

David Prieur, Transports Prouhèze Paradis  Je crois fortement à la formation des jeunes. Si on ne participe pas à la formation des jeunes aujourd’hui nous n’aurons plus de conducteurs demain !

Il est important de les former au mieux, c’est-à-dire les accueillir avec un vrai entretien, des informations sur la sécurité, puis les faire monter en compétence.

Pour cela ils travaillent d’abord en binôme avec un collègue expérimenté, pour observer, comprendre, apprendre comment travailler. Il faut également leur apprendre précisément l’arrimage des marchandises, qui, s’il est inexistant ou mal réalisé, peut conduire à un accident. Enfin, les jeunes débutent en livrant avec un véhicule léger, pour prendre conscience de la mission qui leur est confiée, du contenu qu’ils transportent, etc.

Les jeunes apprécient ce tutorat qui leur permet de prendre confiance dans le temps et éviter les erreurs.

 

Ces actions ont-elles permis de réduire les accidents du travail ?

David Prieur, Transports Prouhèze Paradis : Je n’ai heureusement pas à déplorer d’accidents de la route. Je suis davantage confronté à des accidents quand le conducteur est hors du camion qu’au volant. Il s’agit plutôt d’élongations en sanglant la marchandise, d’entorses. J’ai modifié certains équipements de protection pour qu’ils soient plus efficaces, tout en étant facilement utilisables.

 

Quelles ont été vos actions menées avec les représentants de vos salariés ?

David Prieur, Transports Prouhèze Paradis : Je passe de plus en plus de temps à expliquer la vie de l’entreprise au sein du CSE, cela a été particulièrement important lors de l’épidémie de Covid, et à cause de la hausse des prix de l’énergie. Cette discussion a permis de rassurer les salariés.

Sur la partie santé et sécurité au travail, il y a une marge de progrès.

 

Quelle a été votre collaboration avec la DREETS et les CARSAT ?

David Prieur, Transports Prouhèze Paradis : J'ai témoigné à l’occasion du webinaire sur la sécurité routière, le 25 mai 2024, organisé par le référent risque routier de la DREETS dans le cadre du Plan Régional Santé Travail. Quant à la CARSAT, je la rencontre dans des réunions, mais je ne l’ai jamais reçue au sein de mon entreprise.