Jonathan De Carvalho, Garage La Coume : "Ici on travaille à hauteur d'homme et on pense à nos vieux jours !"
Pouvez-vous nous parler de votre entreprise ?
Jonathan De Carvalho : « En 2013, j’ai repris l’entreprise qu’a créée mon père en 2000 spécialisée dans la carrosserie - tôlerie - peinture automobile. Mon entreprise, le garage « La Coume » est situé à Sinsat, aux pieds des montagnes Ariégeoises (Haute-Ariège). C’est un territoire rural dont l'attractivité est un travail quotidien.
Je suis dirigeant salarié, productif à part entière et j’emploie 3 autres salariés : mon père (le fondateur), une assistante et un apprenti. Trois générations confondues qui font aujourd'hui la force de mon entreprise car les 40 ans d'expérience de mon père couplées aux ressources de nos jeunes font un combo parfait pour avancer, se développer.
En prenant le meilleur de chacun je suis parvenu à dynamiser le métier de réparateur automobile dont les techniques évoluent. Car en plus d'être manuel et agile de ses mains notre métier intègre de plus en plus les technologies de digitalisations ; c'est là que le choc des générations opère : mon père maître en tôlerie-peinture dont je suis le digne successeur et la génération Y,Z œuvrons ensemble au service de nos clients.
Ainsi nous pouvons transmettre notre savoir-faire aux futurs acteurs du métier de carrossier-peintre que je considère comme un métier d'art. Et un art ça se transmet.
C'est cela mon entreprise !
Comment faites-vous pour améliorer les conditions de travail de vos salariés ?
En corrélation avec la précédente question, j’ai beaucoup investi et j’investi encore dans la prévention.
Comme tout métier manuel celui de carrossier-peintre comporte plusieurs risques. Souvent amené à travailler à genoux, à manier des produits chimiques : solvants, peinture etc... le technicien encourt des dommages irréversibles sur son corps.
J'ai fatalement pris conscience de cela assez tôt à travers mon père qui a pratiqué le métier durant les années 80 et 90, là où les ponts élévateurs n'étaient dédiés qu'aux mécaniciens... les tables de carrossiers et les cabines de peintures n'étaient accessibles que par les grosses structures... L'artisan carrossier, lui, travaillait à genou et respirait les solvants volatiles.
Aujourd'hui c'est grâce à quelques interventions chirurgicales du dos et des genoux qu'il peut continuer à pratiquer.
De mon côté, pour mes collaborateurs et pour moi-même, plutôt que faire la pub à la médecine je préfère opter pour la prévention de ces risques dans mon atelier.
Ici on travaille à hauteur d’homme et on pense à nos vieux jours !
D’abord, j’ai acheté, seul, une cabine de peinture dernière génération pour améliorer les conditions de travail et l’environnement de travail dans l’atelier. Ensuite, je mets à la disposition de mes salariés : 2 tables élévatrices de carrossier et 3 ponts élévateurs qui s’adaptent à tout type de véhicule. Enfin, tenant compte que nous sommes en zone montagne, dans l’atelier il fait 19° en hiver, il y a plusieurs radiants. C’est un vrai confort de travail pour tous.
Lorsqu'un apprenti intègre l'effectif, il fait le tour de l’atelier avec moi. Très regardant sur sa sécurité au quotidien, je m’assure donc que les outils qu'il emploie soient à portée de main, rien ne doit trainer au sol. Il s’agit là d’éduquer, de répéter, d’expliquer.
Outre nos jeunes, les conditions idéales de travail que je propose attirent des salariés séniors car ils savent combien le travail de carrossier-peintre peut être pénible… Un peu de confort en fin de carrière mon père le premier en est ravi.
Une réussite et un axe d’amélioration en matière de prévention ?
J’ai beaucoup investi de temps et d’argent pour améliorer les conditions de travail dans mon atelier. L’expérience de mon père m’a permis de prendre conscience des risques très jeune. Je considère que je suis en avance en matière de conditions de travail.
Je vais recevoir le Trophée Quali’vie pour cela et je suis satisfait de cette récompense.
Dans un avenir proche, j’ai le projet d’acquérir une table élévatrice pour notre cabine de peinture afin de peindre en bas de caisse sans avoir à se baisser. Un équipement supplémentaire spécifiquement adapté à la réglementation des cabines de peinture et à laquelle je dois me conforter. J’ai sollicité l’aide du service de santé et déposé un dossier pour une aide financière de la CARSAT. »