Interview de Françoise Fabre et Jean-François Labaquère, partenaires sociaux membres du CROCT et du CRPST
Françoise Fabre représentante CFDT au sein du CROCT (Comité Régional d’Orientation des Conditions de Travail) en Occitanie
Quelle mobilisation des partenaires sociaux en matière d’accidents du travail ?
« Nos adhérent·e·s s’engagent pour agir, pour améliorer les conditions de travail. Limiter voire éliminer les accidents du travail est une des motivations ! En effet la prévention avant accident, c’est un enjeu important pour nos représentants au sein des entreprises. Les accidents du travail représentent un tel coût pour l’entreprise et pour le collectif : humain d’abord et surtout, mais financier aussi !
Comment promouvoir la santé sécurité en entreprise ?
Sans surprise dans les entreprises où le dialogue social et le dialogue professionnel sont présents cela est plus facile. La mise en place d’actions de préventions au sein d’une entreprise nécessite de construire l’adhésion du collectif de travail : de l’affichage à la formation en passant par l’utilisation des bons équipements individuels et des outils.
Les représentant·es du personnel sont des relais : ils écoutent, accompagnent les collectifs qui s’expriment sur les situations de travail vécues. Leur mission est de faire évoluer les situations de travail en relayant le cas échéant des propositions des salarié·e·s. À ce titre, la formation des élu·e·s est primordiale pour leur permettre de monter en compétences, prendre du recul, analyser les situations de travail réelles et agir en prévention.
Il s’agit aussi de promouvoir le travail en réseau avec les acteurs de prévention externes à l’entreprise : les ingénieurs conseils de la Carsat, les services de santé, l’Anact…
Les représentant·es syndicaux peuvent dans certains cas négocier des accords. Cela suppose un temps pour confronter les points de vues et construire un projet avec un diagnostic partagé.
Avec l’allongement de la vie au travail, plus que jamais la CFDT, demande la généralisation d’accords sur les situations de handicap et de maintien dans l’emploi pour éviter la désinsertion professionnelle : Permettre un meilleur suivi des salariés impactés à court ou moyen terme et anticiper l’accès des victimes d’accidents ou de maladie professionnelle, à des postes aménagés, des évolutions de carrière acceptables… »
Jean-François Labaquère représentant MEDEF et vice-président du CRPST (Comité Régional de Prévention et de Santé au Travail) en Occitanie
Quelle mobilisation des partenaires sociaux en matière d’accidents du travail ?
« Je crois que la prévention se fait d’abord par un dialogue social au sein de l’entreprise entre l’employeur, les représentants du personnel et l’ensemble des salariés. Dans un périmètre plus large, la prévention est portée par l’État et les organismes de prévention dans le cadre du PRST. Il s’agit de décliner les politiques publiques en matière de santé sécurité au travail.
Mais le PRST offre aussi un espace d’échanges et la possibilité de définir des orientations régionales portées par le CROCT (Comité Régional des Conditions de Travail). En Occitanie, les partenaires sociaux sont très impliqués dans cette instance. Deux actions sont d’ailleurs à leur initiative :
- Comment aider le CSE à améliorer les conditions de travail des salariés ?
- Prévenir les risques pour rendre certains métiers plus attractifs
Il est important de souligner que le dialogue social régional fonctionne au-delà des différences de positionnement entre les organisations professionnelles d’employeurs et les organisations syndicales de salariés. Il existe une réelle convergence de point de vue et une volonté d’action qui tend à l’amélioration des conditions de travail !
Comment promouvoir la santé sécurité en entreprise ?
Il n’y a pas de solution unique. Il faut respecter le volet règlementaire mais aussi promouvoir les accompagnements possibles pour les entreprises qui souhaitent s’engager dans une démarche de prévention (aides financières, acteurs ressources, expertises techniques…) !
L’accompagnement et la promotion de la santé et sécurité au travail doit se faire aussi à travers les organisations professionnelles, syndicales. Il y a lieu d’associer les branches professionnelles qui ont un vrai rôle à jouer en matière de prévention auprès des entreprises !
Mais je crois que nous ne parviendrons à infléchir la courbe de la sinistralité qui a atteint un plafond depuis plusieurs années que si nous nous attaquons à la formation des futurs employeurs et des futurs salariés. Agir sur la formation des jeunes nous permettra de franchir ce palier. Cette question de la formation est d’ailleurs traitée dans le cadre du PRST à travers l’apprentissage. »